Jeudi 13 septembre, 19h

Isaline est en reconquête. Les équipes médicales cherchent à mobiliser ses capacités de déglutition, de maintien de la tête, tout en évaluant les désordres de son activité cérébrale, et en cherchant l'origine de la manifestation de son inconfort qui se manifeste par des pleurs insistants jusqu'à ce qu'on la prenne dans les bras. Anxiétés? Douleurs ? Frustration ? Cocktail des trois...

Nous étions inquiets du suivi nocturne et comme on n'est jamais mieux servi que pas soi-même, en papa mobilisé, je suis allé dormir dans sa chambre, pour être finalement rassuré sur ses nuits, qui sont calmes, mais on aimerait être là à chacun de ses réveils pour l'accueillir dans la nouvelle journée qui commence. Dont acte, je recommence ce soir, c'est important pour nous de savoir qu'on peut lui bondir dessus dès qu'elle se réveille pour la rassurer et lui transférer toute notre affection, et votre soutien massif toujours plus nombreux pour lesquels nous ne pourrons jamais montrer assez de reconnaissance.

On la stimule autour de la bouche sans se précipiter lors des biberons qui passent par sonde gastrique. C'est difficile de la voir mâchonner dans le vide, mais il faut que les réflexes de base se reconstruisent. Les rêveries n'alarment pas les neurologues qui lui ont posé un vilain casque sur la tête hier par une chaleur de bête, on le lui a enlevé, et cela justifie d'une petite danse indienne de célébration.

Tanou a apporté un coquelicot, fleur du réconfort. Isaline l'a intensément suivi du regard, c'était une grande première. Sans doute la couleur, et la sensibilité de notre Isaline pour les fleurs. Enfin, les physios l'ont pour la première fois descendue dans leurs installations pour la faire travailler sur des postures et du maintien. On la manipule mieux à présent, on la débranche de ses 4 sondes pour se la placer sur le torse en position allongée sur un fauteuil inclinable, et elle s'endort. Presque comme à la maison.

La menace cérébrale passée pour l'instant, c'est à présent la main qu'il faut soigner. On a l'impression d'avoir fait 2 centimètres de cette interminable route en lacet qui se présente à nous. Mais il faut bien commencer, et continuer d'avancer.