Jeudi 4 octobre

Le concurrent « maintien de la tête » est entrain de prendre le dessus dans la course du quarté magique qui marque les étapes du rétablissement neurologique d’Isaline. « Sourire » a été remplacé par « soupir », « dire un mot » est muet, et « avaler » fait encore trop souvent fausse route. Marcher est un cran au-dessus, tout comme attraper -- un autre niveau.

On veut mettre l’accent sur « avaler » ces prochains jours, et réapprendre à Isaline à utiliser une tétine. L’administration de nourriture par sonde est devenue moins fiable, il nous semble que notre fille tolère de moins en moins ce procédé.

On a lancé les tractations et les prises de contacts pour organiser le retour d’Isaline à la maison. On a besoin du concours des ergothérapeutes pour équiper sa chambre et la salle à manger. Nous allons aussi inscrire Isaline sur le calendrier des physio compétents pour sa condition et son niveau de motricité. Il est important d’assurer une totale continuité dès le jour de la sortie. Il s’agit de sauter d’un train en marche dans un autre train en marche. Pas question de rester à quai.

Sabine sera moins mobile d’ici trois semaines, Ernest dit que cela fait trop longtemps qu'Isaline est à l'hopital, on a besoin de la voir rentrer à la maison.

On s’amuse à envisager de la remettre dans une piscine dans le cadre de sa rééducation, car on lui a finalement oté son gros plâtre. La greffe est jolie selon le médecin; on trouve cela encore un peu impressionant, mais on va se fier à son sens de l'esthétique. On espère que l'eau lui rappellera son merveilleux été.

Elle a encore sa photo sur son porte-manteau à l’école, ça me réjouit autant que ça m’émeut quand j’y amène Ernest, peut-être y retournera-t-elle plus vite qu’elle ne l’imagine, toujours pour l’éveiller et la plonger dans des atmosphères qui lui sembleront familières et hospitalières.