Lundi 30 septembre

Quand on lui tient les pieds dans son lit et qu’elle a les jambes tendues, elle se redresse ! Bon, elle tombe sur le côté quand elle a dépassé l’angle droit parce que qu’elle n’a encore aucune idée de comment gérer cette position assise sans maintien latéral, mais elle nous a épatés Sabine et moi quand on l’a vue se rassembler et dans un effort abdominal prolongé et volontaire, prendre de la hauteur avec sa tête jusqu’à ce que son dos soit totalement arrondi et décollé à la verticale par rapport à son matelas. Elle était toute fière quand on l’a rattrapée. Elle aime bien se rouler en boule sur le côté, mais vers le haut, c’est nouveau. Un jour, j’espère, elle aura suffisamment de force et de maîtrise pour se servir de ses bras tant au sol que dans cette improbable et inattendue position assise très prometteuse.

Elle a fait aussi des progrès sur l’amorce du quatre pattes. À présent, quand on la dépose sur ses tatamis sur le dos, elle se contorsionne pour se retrouver sur ses deux genoux côté plat ventre, avec un bras en appui sur une paume, cependant que l’autre côté n’est soutenu au sol que par son épaule. Il ne manquera plus qu’en appui sur cette main déjà posée, avec les muscles du centre du dos elle décolle son torse tout en glissant sa main sous son épaule, et elle pourra comprendre qu’en poussant des deux bras, elle se retrouvera à quatre pattes. Mais on est encore loin. Mais ça pourrait arriver ! En tous cas maintenant elle décolle son abdomen pour ne pas racler son petit bouton d’alimentation en remontant ses genoux pliés comme pour commencer un mouvement de brasse, puis en les ramenant sous elle un peu l’un contre l’autre, ce qui lui donne de la hauteur avec ses fesses.

Tout ça c’est grâce à Padovan. Ce matin, avec sa spécialiste Padovan, après trois mois, et trois fois par semaines, on l’a enfin piégée avec son petit sifflet en bois. Elle ne grince plus des dents quand on lui met à proximité des lèvres, elle s’est aussi habituée à ce qu’on lui appuie sur les narines pour rigoler. On lui a bouché le nez en anticipant son expiration et en lui coinçant les lèvres sur l’embout du sifflet. À son grand étonnement, et pour la première fois, elle a sifflé comme un agent de police au coin de la rue. Ça n’a l’air de rien, mais si elle comprend comment on souffle, elle pourra déclencher ses « P » et ses « B » en conscience, et doucement basculer sur les « V » et les « F ».

Ces derniers Jeudi et Vendredi, nous nous sommes éclipsés deux nuits entières Sabine et moi. Tanou et Oma ont fait avec Marie un intérim intense auprès des enfants en nous ayant remplacé pour tout. Merci aux grand-mamans et à notre jeune fille au pair venue du monde médical pour cette parenthèse pendant laquelle on a pensé parfois à autre chose, entourés d’amis bienveillants. Il parait qu’Isaline a dit « Oma » après sa séance de physio Padovan avec Yaël. On a aussi vu que Tanou avait des techniques pour lui faire terminer ses assiettes. On était heureux de retrouver les enfants en pleine forme, et qu’il ait fait beau pendant notre absence.

Vendredi, Isaline retournera à l’école « normale » toute la matinée. Le groupe des petits du jardin d’enfant est acclimaté, et les enseignantes sont prêtes à l’accueillir dans une ambiance un peu moins électrique que lors du premier mois. Plus on la stimulera, plus elle progressera. Et elle se laisse faire en douceur.

Continue comme ça, Isaline chérie