Mardi 16 janvier 2024

Quelques largesses avec la règle des 15 en cette semaine d'anniversaire, comme chaque année.

Trop facile la bougie maintenant. C’est génial. Bon il y a encore un peu de salive qui vient sur la lèvre du bas parce que la distinction entre souffler et cracher n’est pas encore complètement opérationnelle sur le plan du positionnement de la langue en commande du "PPFFF" , mais en tous cas, elle s’éteint cette flammèche -  et c’est le résultat qui compte. La preuve en deux photos.

Sabine a croisé une maman dans le centre de thérapie ce matin. Isaline avait des ballons d’anniversaire gonflés à l’hélium attachés à sa chaise roulante et brandissait 7 doigts crânement. Cette maman a demandé si aujourd’hui n’était pas trop difficile pour nous. La perspective du jour de l’anniversaire est différente pour les parents d’enfants accidentés par rapport aux parents d’enfants nés en situation de handicap; le jour de l’anniversaire d’Isaline est totalement dissocié du jour de son accident et à la réflexion, ça nous bonifie chaque 16 Janvier parce que c’est un jour de fête, et un jour de victoire franche.

Sur le plan de la motricité, après le locomat, cette sorte de robocop qui incorporait Isaline dans sa carapace mouvante, nous avons embrayé sur un zéro gravity, dispositif qui suspend un harnais le long d’un rail fixé au plafond, et dont la résistance du filin qui supporte le harnais varie en fonction des performances du ou de la suspendue. Isaline se promène pas trop droit et pas trop stable - mais se promène - le long du rail et se baisse pour ramasser tout un tas de trucs pour les mettre dans des paniers en catégorisant. À peu près.  Au sens propre comme au figuré, ça avance.

Sur le plan de l’élocution, c’est sur le volume que ça s’améliore. Elle peut hausser le ton mais elle ne le fait que rarement. Avec les signes, elle bloque souvent sur une idée simple en la répétant une bonne dizaine de fois. Comme Isaline n’est en aucun cas frappée d’autisme, les spécialistes plein d’ouverture d’esprit et de sagacité nous indiquent que c’est une invitation à ouvrir le dictionnaire des synonymes. En répétant la même phrase sur une séquence de trois ou quatre gestes encore et encore, Isaline nous demande en fait de redire la même chose mais de différentes façons, en variant les détails, ou en changeant les structures. Paradoxalement en insistant sur la même thématique à l’identique,  Isaline nous invite à de la nuance et de la variété. On se plie à l’exercice plein de contrition parce qu’on l’a souvent rabrouée en lui disant « c’est bon Isaline, on a compris ce que tu disais, change de disque ». Maintenant on développe, on contextualise, et on fait le tour de la question, jusqu’à ce qu’elle rende les armes et qu’elle décide de passer à autre chose. Ça nous a favorisé la complicité ce retournement d’attitude.

Ensuite pour la motricité fine, c’est toujours approximatif mais comme pour le reste, notre verre se remplit.

Bon anniversaire, Isaline chérie.