Mercredi 1 Novembre

Quinzaine dense, et utile.

À Belfort pendant 5 jours, à raison de cinq sessions de trois-quart d’heure chacune, nous avons confronté Isaline aux prémices de la lecture et des mathématiques en mettant l’accent sur la codification des étapes d’apprentissage telles qu’enseignées par Feuerstein.

Input, méthode, circonspection, élaboration, output !

Avec patience et beaucoup d’exigence, chacun des cinq enseignants prenait une thématique par jour en la déclinant dans toutes les intelligences possibles afin de confronter Isaline à une multitude de moyens d’apprentissage. Le chiffre quatre était l’objet d’une histoire avec deux copains qui rencontraient encore deux copains, puis on entendait un quartet, puis on voyait comment faire un carré, puis il fallait prendre quatre voitures différentes, ou quatre objets jaunes, et encore taper quatre fois sur quatre clochettes, et s’efforcer de dire quatre…

Cernée Isaline !

Elle a été confrontée à beaucoup de concepts, d’automatismes à intégrer, et on lui a exposé de nombreuses notions comme la verticale (de haut en bas), horizontale, (de gauche à droite), attendre avant d’effectuer pour bien comprendre comment faire juste, et bien écouter les consignes. Ce qui nous a le plus dérouté c'était de commencer le tableau à double entrée avec trois formes en abscisse et trois couleurs en ordonnée, et coller les formes correspondantes dans la couleur correspondante... Isaline était un peu larguée, mais après-tout, si on continue à s'entraîner, la logique va rentrer.

Cette semaine a été intense. Le principal bienfait, la leçon fondamentale que Sabine et moi en avons retiré, c’est que nous sous-estimons les capacités d’Isaline à comprendre et restituer, et que nous sur-estimons la difficulté des problèmes ou exercices que nous lui soumettons. À force de la cantonner à des notions basiques, Isaline risque vraiment de s’ennuyer et de se braquer. Il faut sans cesse chercher par petites touches à lui présenter des concepts, ou des problématiques de plus en plus compliquées.

De plus, la restitution exacte ou la solution n'est pas ce qu'on recherche. Il faut asseoir les automatismes d'intégration de la consigne et leur compréhension, et si Isaline cherche à faire, c'est déjà une victoire. Lui expliquer ce qui ne va pas, ou comment parvenir est bien plus important que de considérer le résultat de l'exercice.

Nous avons aussi été intéressés par les considérations des enseignants qui rappellent que le cerveau doit à la fois traiter de motricité ou d’effort physique et traiter d’efforts cognitifs pour un résultat équilibré et optimal. L’apprentissage de la lecture est une gymnastique tout comme la mimique d’une galipette est une lecture de mouvement à répéter. Tout s’imbrique, et dans le cas d’Isaline, il faut aborder l’intellectuel avec la même assiduité que le physique, ce que Sabine et moi avions n'avions jamais entendu, mais qu'à cela ne tienne ma chouchoute, tiens, voilà la table des six !

À présent qu’elle va avoir 7 ans, les enseignants nous ont ouvert les yeux sur l’importance qu’elle sache vite lire et compter pour que son autonomie soit totale, et que sa vie soit le plus possible réussie, et remplie de victoires personnelles.

Dès notre retour, nous avons entrepris un pélerinage à Lourdes en famille. On est allés demander tous ensemble à la vierge Marie de continuer de nous donner sa patience et sa force pour faire avancer Isaline dans la vie. Tanou et Pernekind ont contribué à plein au soutien de la vie de famille sur les lieux d’apparition, et nous ne remercierons jamais assez l’oncle d’affection du Canada pour son apport logistique et religieux dans toute cette aventure. On a prié pour nous, pour Isaline, et pour vous tous qui nous accompagnez dans cette aventure.